Fin septembre et toujours aucun épisode cévenol/méditerranéen : à quoi s'attendre pour la suite ?

Après un été caniculaire, avec de nombreux records de chaleur, la saison des épisodes méditerranéens/cévenols n'a toujours pas débuté. Plus encore, la sécheresse continue de s'aggraver ce 27 septembre 2017. Un chiffre à retenir : il n'est tombé que 9.2 mm à la station de Nîmes-Courbessac depuis la fin juin. Quelques averses orageuses ont concerné la région ces derniers jours mais toujours trop peu nombreuses pour enrayer la sécheresse.
Suite à une communication massive des médias durant la dernière décennie, vous êtes nombreuses et nombreux à penser qu'un été caniculaire sera suivi d'épisodes pluvio-orageux diluviens. Les différentes études menées jusqu'à présent ne vont pas dans ce sens. Il n'y a pas de corrélation entre un été très chaud et un automne fortement pluvieux. La saison que nous vivons actuellement l'illustre parfaitement. Avant d'entrer plus dans les détails, retrouvez ci-dessous les processus de formation des épisodes cévenols et méditerranéens.
Le fonctionnement d'un épisode cévenol ou d'un épisode méditerranéen pourrait s'illustrer et se vulgariser par celui d'une voiture. En effet, pour qu'un véhicule puisse avancer, il lui faut un moteur fonctionnel et du carburant. Il en est de même pour les épisodes pluvio-orageux : le moteur est remplacé par le dynamisme atmosphérique (les fameuses dépressions) alors que le carburant est constitué par l'instabilité et l'humidité (chaleur latente).
En d'autres termes, la température de la mer aurait beau se situer à 30°C dans le golfe du Lion, cela n'aurait pas d'incidence majeure en présence d'un anticyclone. Pourquoi ? Le carburant (eau chaude, air chaud) ne pourrait pas être entraîné sans moteur, sans une dépression parfaitement positionnée. C'est précisément ce qu'il se passe en cette année 2017.
Plus encore, outre l'absence d'une dynamique atmosphérique favorable à la genèse d'épisodes pluvio-orageux intenses, les températures de la méditerranée ne sont pas élevées cette année, comme en atteste la carte ci-dessous issue de wofrance.
Les SST (de l'anglais Sea Surface Temperature) ne dépassent plus 16 à 18°C dans le golfe du Lion. Sur les Baléares et la Catalogne, où les épisodes diluviens prennent souvent naissance, l'eau est un peu plus chaude avec 22°C en général. Globalement, à l'échelle du bassin méditerranéen, nous ne pouvons donc pas considérer que les eaux de mer sont chaudes cette année.
S'il faut encore prendre du recul quant aux liens de causalité et les diverses relations entre la température de l'eau de mer et la formation des épisodes méditerranéens, il est aujourd'hui admis que des eaux chaudes vont favoriser - en cas d'évaporation - un contenu en eau précipitable plus important sur la colonne troposphérique de la masse d'air. En résumé, il s'agît davantage d'un facteur aggravant que d'un véritable processus de déclenchement. Les orages, s'ils se déclenchent, génèrent alors des quantités de précipitations plus importantes.
Toutefois, nous insistons sur le fait que si les conditions atmosphériques ne sont pas propices à la genèse d'un tel événement, aucun épisode diluvien ne parviendra à se former. C'est précisément ce qu'il se passe cette année. La carte ci-dessous est issue du site Pivotal Weather et témoigne de l'anomalie de pression à 500 hPa (épaisseur des géopotentiels).
On constate une anomalie de hauts-géopotentiels entre les Açores, l'Espagne, la France et la Grande-Bretagne, alors que les bas-géopotentiels (zones dépressionnaires) circulent sur l'Europe du centre et les Balkans. Cette configuration météorologique est tout sauf favorable à la formation d'épisodes méditerranéens et/ou cévenols.
En effet, pour que ces derniers se forment, il faudrait que l'anticyclone migre vers l'Europe du centre afin que les dépressions s'enfoncent sur l'Espagne et le bassin Méditerranéen. Tout l'inverse de ce qu'il se passe actuellement.
Pour répondre à la question présente au début de cet article : à quoi faut-il s'attendre pour la suite de l'automne ? S'il est bien évidemment difficile de se projeter jusqu'à la fin de l'automne, il semble que la récurrence actuelle parvienne à se maintenir au moins jusqu'à la mi-octobre, malgré une accélération du dynamisme Atlantique. La probabilité d'épisodes méditerranéens/cévenols est donc très faible pour le moment. Il faudra surveiller entre la mi-octobre et novembre l'évolution des modèles numériques de prévision. Toutefois, les statistiques montrent qu'une fois cette période charnière passée, les événements extrêmes tendent à devenir de moins en moins probables.
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